Blog : leadership Un bel exemple de mots « valise ». Les choses se compliquent. Et les talents se font rares. En conséquence, les entreprises essaient de trouver des individus exceptionnels capables de régler tous les problèmes, disponibles, dotés d’une santé à toute épreuve, disposant d'une éthique en acier inoxydable, sachant résister au stress, assumant des prises de décisions difficiles, et excellents gestionnaires etc… Des collaborateurs qui auront donc toutes les qualités, connaîtront parfaitement l'entreprise et ses métiers, seront de bons managers et de bon communicants et tiendront leurs performances et leurs engagements. Oui, le mot leadership est un mot « valise », surtout quand on regarde tout ce que le leader doit posséder comme qualités. Mais affirmer cela, c'est oublier plusieurs choses : Tout d'abord, le leadership doit s'exercer dans une situation particulière qui va nécessairement privilégier un aspect de l'entreprise. Les facteurs de l'environnement et la culture d'entreprise permettront de porter un regard conjoncturel sur les besoins en leadership. Le leadership dans une banque d'affaires, n'est pas le leadership dans une banque de détail. Dans le temps, l'attente de rôle en matière de leadership peut évoluer considérablement en fonction de l'évolution de la situation. Ensuite, il est impossible de dissocier le style de leadership du style personnel de l'individu, ou de transformer durablement un introverti en grand communicant. L'impact psychique personnel d’une telle transformation est très élevé. Il peut y avoir des améliorations mais rarement des transformations. Enfin, l'instrumentalisation du leadership, avec le développement des séminaires appropriés, laisse croire que tout le monde a envie d'occuper les fonctions de leader. Nombre de managers, experts dans leur domaine, préfèrent développer leur niveau d'expertise et ne pas avoir de responsabilité d'encadrement trop exigeante sur le plan personnel. Forcer un manager, c'est prendre le risque de le perdre ! L'expérience avec ceux que l'on appelle les hauts potentiels en entreprise est parlante. Promouvoir à tout prix des jeunes talentueux sans prendre en compte les équilibres personnels fondamentaux, c'est augmenter le risque d’incidents. Ceux-ci n'apparaîtront pas forcément dans l'entreprise mais parfois dans la vie familiale. Il faut 50 ans pour faire pousser un chêne. Par ailleurs, chaque étape de la vie engendre des aspirations particulières. Comme le dit le proverbe : il y a un âge pour tout. La starification abusive du rôle de dirigeant amène à traiter ces derniers comme on traite les compétiteurs de haut niveau dans le sport. A la différence que dans le sport, les carrières se terminent plus tôt que dans l’entreprise. C'est d'ailleurs un sujet délicat pour les sportifs de haut niveau qui doivent anticiper assez tôt leur future carrière en dehors de la compétition. N'oublions pas également que derrière le rôle de dirigeant, il y a toujours une partie plus sombre. Le manager est appelé à prendre des décisions délicates qui l'amènent à investir une énergie psychique importante. "Il n'y a pas de bonne façon d'annoncer une mauvaise nouvelle", disait Louis Schweitzer, président de Renault. Celui qui annonce une mauvaise nouvelle en connaît le prix à titre personnel, et doit souvent en assumer les effets annexes. S’y préparer n’est pas du goût de tous les managers.